Il est bien rare qu’il neige à Paris. Plusieurs années m’ont vu le témoin indigné du dédain affiché par la neige à l’égard de notre lumineuse capitale.

Depuis quelques jours, ont peut vérifier ce phénomène en parcourant à pied les espaces qui séparent le centre de la périphérie. Si au début de la promenade, la présence de neige fait l’objet de spéculations de micro climatologie urbaine, on note toutefois aux abords du périphérique, certaines traces de poudreuse sur les surfaces, qui vont croissant à mesure que l’on avance.
Mais c’est en traversant le boulevard circulaire que l’on s’étonne de l’intensité du phénomène, car c’est tout à fait blanc de l’autre côté.

Se posent alors les questions les plus baroques concernant un mystérieux complot municipal entre Paris et sa banlieue : A qui profite le crime ? Dans ce curieux déséquilibre, les augures de la météorologie semblent également pris au dépourvu, eux qui chaque soir prédisent des avalanches et qui chaque matin se ridiculisent dans la contemplation de l’asphalte dénudé.

Il semble que le périphérique constitue pour la neige une barrière infranchissable, ce qui n’est pas le cas de l’espace dans lequel une marque de shampoing vient de lancer un tirage au sort afin d’y envoyer 22 de nos héros et faire la nique à Barney Stinson.
C’est inattendu et plutôt amusant, et l’on imagine avec hilarité l’ironie qui pourraient en résulter, si les marques concurrentes se livraient à une escalade de propagande. La course à l’espace a fait le prestige des nations les plus en vue de par le globe, et l’on peut parier que si les publicitaires se mettent en tête de s’y mettre, les espaces infinis vont bientôt se trouver livrés à la désinvolture.

Et tandis que le monde se lance avec pétulance à l’assaut de l’éther, notre gai Paris ne sait plus dans quelle incongruité se lancer. Il semble que peu satisfaite de son surnom de ville musée, sanctuaire captif du passé sous une bulle de verre à la façon des boule à neige, voici maintenant que c’est à l’extérieur qu’il neige.