Cela fait quelques années maintenant que l’on évoque avec plus ou moins de crédit le clonage du mammouth. Il faut dire que le sous-sol sibérien regorge de ces boules de poils dodues qui s’impatienteraient de nous livrer leur ADN, ainsi que de vieux manuscrits ensevelis et rongés par les moisissures attendant d’être décryptés pour exhaler des merveilles.
De l’avis général, les écueils techniques afleurent jusqu’à l’horizon, mais selon ses partisans, l’affaire est entendue et il ne resterait qu’à s’accorder sur un calendrier.
Les considérations éthiques quant à elles risquent fort d’occasionner des débats sans fin, considérant le sort peu enviable de ces infortunés mammouths, arrachés à la quiétude des limbes pour êtres livrés aux papouilles d’une multitude de grimaçants hominidés.
Cela dit, ce serait quand mĂŞme trop cool.

Depuis quelques jours cependant, l’ambiance est montée d’un cran. Sacrifié par l’avant-gardisme pour qui rien d’autre ne compte que l’instant, cloner un mammouth est devenu ringard. C’est Néanderthal qu’il convient à présent de restaurer comme un vieux disque dur, si l’on a le moindre souci de notoriété.
Le Dr Georges Church, qui affirme être en mesure de procéder à une tentative, déclare n’avoir besoin que d’une extremely adventurous female human pour passer à l’action.

On reste songeur quant aux implications d’une telle expérience, dans la mesure où son objet serait, dans l’acceptation généralisée du terme, un être humain. Le Dr Church explique son espoir que les Néandertaliens nous apportent par leur disparité, une nouvelle façon de percevoir le monde et de relever ses défis. En fait, si l’on considère le nombre de farfelus qui déambulent déjà dans les couloirs des bureaux sans être inquiétés, on peut douter que cet apport soit tellement significatif. En revanche, on peut craindre que leur physique atypique soit source de tracasseries dans les cours de récré.
Cela dit, ce serait quand mĂŞme trop cool.

Le Dr Church envisage avec aplomb de faire naître assez de Néandertaliens pour qu’ils créent sous nos yeux une pseudo culture propre et deviennent une force politique.
Les fanfaronnades génétiques proférées ses dernières années ont pafois tourné au charlatanisme, comme l’illustre l’affaire du sulfureux Dr Hwang, mais si l’annonce du Dr Church est plus qu’une manœuvre d’autopromotion, son projet ne pourra manquer faire surgir des polémiques dans le sillage desquelles on pourra s’interroger sur les notions fondamentales à la base de nos civilisations.

Car ce n’est pas moins qu’un recadrage de notre vision du vivant que nous propose le bon docteur. Il promet ainsi d’accroître la diversité dans un monde menacé d’homogénisation, d’intéger à nos peuples l’ADN d’autres espèces, de faire croître des machine biologiques, d’aborder une nouvelle étape de l’évolution.
On se prend à rêver devant l’avènement d’un monde de bioingénierie, d’ingénierie planétaire et de domestication de l’espace.
Du coup, les Néandertaliens, on pourrait les envoyer sur Mars, avec les Mammouths, et ça ce serait quand même trop cool.

Un groupe de Néandertaliens chassant le légendaire Mammouth de Valles Marineris