Il existe une embûche considérable inhérente à nos sociétés digitales et à la dématérialisation de la monnaie, qui me vit par deux fois la molle victime de sa sournoiserie. Et bien qu’il ne se trouve personne d’assez niais pour contester la commodité de la carte bancaire, on songe rarement au fâcheux contretemps que constitue son dysfonctionnement.
Voilà que je me suis à nouveau retrouvé à l’Etranger dépourvu de tout moyen de paiement. Sans que je parvienne à saisir pourquoi, un séjour même furtif à l’Etranger est propice à toutes sortes d’escamotages et de défections. C’est à croire que les objets n’attendent jamais autre chose que l’instant propice pour s’escapader vers de fantasmatiques horizons en trompant notre vigilance, comme on caracole sur les barbelés de Bernauer Straße.
Il va de soi que les fameux numéros d’urgence fastueusement fournis par les banques pour conjurer de tels coups du sort ne servent à rien, et qu’y faire appel à grands frais relève de la pantomime.
J’ai par contre été surpris par l’impuissance de ma banque à m’accorder un retrait une fois de retour dans l’incandescence de la Ville Lumière. Mon agence est fort peu commodément fermée le lundi, et celles qui ne le sont pas se sont déclarées dans l’incapacité de me sortir d’embarras car cela leur occasionne des frais.
Nous connaissons tous le fanatisme des banques pour les frais. Au prétexte le plus opaque, ces établissements ne semblent pas pouvoir résister au charme irréfutable que procure l’application d’un frais. On s’en convaincrait que là réside le cœur de leur affaire. Mais quelle congrégation de brigands irait-elle pousser la cupidité jusqu’à se facturer elle-même ? Je serais certainement tombé sur des gens plus accomodants en allant faire ma requête à la Tour du Temple au temps de Philippe le Bel.
On ne m’y reprendra donc pas. Dès qu’aura été restauré mon accès à la salle des coffres, je compte bien ne plus me séparer d’une ceinture de billets inaltérable à l’eau de mer et aux projections de champagne, à moins que le gentilhomme du 21e siècle ne soit contraint par la technologie à voyager avec un banquier personnel enfoui parmi son matériel de randonnée. Et puis des coiffeurs, des concubines et un parterre de courtisans.
Considérant les impératifs humanistes requis en notre siècle de progrès, mes courtisans pourraient-ils être des androides ?
Des courtisans de chez Honda ou Boston Dynamics, voilĂ qui est chic.
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