Le rire, ainsi que Rabelais nous le rapporte, serait le propre de l’Homme. Il semblerait néanmoins que cet exercice puisse également se trouver pratiqué par certains mammifères, tels nos grimaçants cousins des régions tropicales.
Il me semble plutôt que ce qui caractérise l’être humain serait quelque chose comme l’esprit de système. Cette obsession pour la méthode, qui remplace le jugement et assassine la créativité. En a-t-il toujours été ainsi ? Faut-il restreindre cette caractéristique aux populations du 21è siècle, celles de Google Latitude, et des plans du métro ?
Parfois, considérant l’accumulation de signaux horizontaux et verticaux qui encombrent les rues, je m’effraie que les civilisations qui déterreront la nôtre dans dix mille ans puissent en déduire sur notre philosophie de bien effroyables choses.
Cela dit bien entendu sans mentionner les potelets qui hérissent (avec l’odieuse complicité des instances municipales) nos trottoirs minuscules avec l’intention évidente d’amener les piétons à s’y briser les genoux.
Quoi qu’il en soit, nos pensées ébahies sont mises en forme par une existence faite de normes et de procédures. Indiférentes aux mugissements de la Bête, les voici canalisées, comme une trubulente inondation promptement absorbée par les égouts.
C’est bien cette aptitude que nous avons acquise qui me paraît la seule à permettre de nous identifier à coup sûr au milieu d’un parterre de mammifères bâillant aux corneilles dans la sourde torpeur d’une fin d’après-midi.
Dévoilant parfois le visage de la manie, elle fourre l’Univers dans des cases qu’elle organise selon une partition écrite pour d’autres danses, dans l’espoir bouleversant d’y trouver un sens.
Elle segmente, cloisonne, ordonne et pratique l’étiquetage là où le peuple canin semble parfaitement satisfait de se livrer au saccage avec une gloutonnerie que le turbulent Barbe Noire lui-même jugerait sans doute déraisonnable.
Et c’est heureux, car sans cela les éléments à destination de la poubelle risqueraient fort de s’égarer sur le tapis du salon, ou bien dans la pénombre moite qui règne sans partage sous la couette du dormeur insouciant. Et puis sans un minimum de méthode, il est peu probable que quiconque soit jamais allé jusqu’à la Lune, alors Mars, figurez-vous un peu, bande de sauvages…
Cela étant, la méthode s’égare parfois jusqu’à enterrer l’ambition originelle de son existence.
Depuis un mois environ que j’essaie d’obtenir des codes m’autorisant l’accès à toujours plus de data, mes tentatives sont mises en échec par la profusion des procédures à effectuer pour y parvenir. L’ultime épreuve imposée par l’Administrateur prend la forme benoîte d’un formulaire électronique à priori impuissant à effrayer un geek d’une trempe comme la moitié de la mienne.
Et bien apprenez qu’il ne faut pas moins de 9 pages de notice pour décrire la façon adéquate de remplir ce ténébreux formulaire, mais ça n’est pas tout !
En effet cette documentation si touffue soit-elle, ne contient pas toutes les informations nécessaires, et elle renvoit, avec l’impassibilité d’un strangulateur, à la consultation d’un guide de 108 pages, que je n’ai pas tout à fait lu, tant je craignais qu’il m’enjoignit d’aller exhumer des références dans les cendres fossilisées de la Bilbliothèque d’Alexandrie.
Que faire ? Errer dans ce dédale de papier comme David Vincent à la recherche de son raccourci ? Le complot est sournois, et si le Système est bien le propre de notre humanité, remarquons que le rire en découle naturellement bon sang ! nous avons bien besoin d’un verre, n’est-ce pas ?
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