Dennis Tito, le légendaire double premier touriste de l'espace annonce vouloir mettre en chantier un voyage vers Mars en janvier 2018. Quiconque a eu vent des budgets envisagés par les plus optimistes pour soutenir un projet de la sorte ne peut que tressaillir à cet énoncé, et c'est avec entrain que l'on accorde au cosmique individu son titre de Nabab de l'Espace (Space Tycoon).
Ce point étant acquis, il faut remarquer que l’opulence sidérale qui est la sienne semble impuissante à dissiper les vapeurs de scepticisme que son annonce a suscité. En effet jusqu’à l’aube de la décennie, il était convenu que la conquête de la planète rouge incombait aux générations futures, et que la grande affaire du 21e siècle prendrait la forme galvanisante d’une croisade contre le dioxyde de carbone.
Dans ce contexte, la récente manie martienne d’annoncer chaque semaine une nouvelle expédition aux échéances sans cesse rapprochées prend le chemin de s’éventer sur les forums comme écume dans la chopine. La presse s’engouffre dans la vague et Reuters affirmait récemment que "la science et l’exploration de l’espace sont redevenues sexys". Sous les roues des automates et dans le cœur des milliardaires, Mars est partout; et il faut bien être une brute de l’acabit de Len Wiseman pour s’en passer dans son imposture de cinéma.
Techniquement, Monsieur Tito ne compte pas effectuer le voyage lui-même, et c’est un couple d’homo sapiens en captivité que l’on va confiner dans un hôtel gonflable Bigelow pour naviguer vers Mars "dans des conditions spartiates", et en faire le tour par un périple de 501 jours.
Il ne s'agit donc que d'un survol!
La pirouette est fatale. Jusqu’à présent, l’astuce évoquée pour décimer les coûts de l’expédition vers Mars consistait à ne pas en revenir (Mars One, 2023). Ce nouveau stratagème du survol permet maintenant d’économiser sur les deux tableaux en se dispensant quasiment d’y aller. L’affaire décroît en magnitude. Figurez-vous emprisonné dans une capsule gonflable pendant un an et demi et revenir sans avoir même atterri. Le procédé est très semblable à ces circuits touristiques de masse où les contrées traversées sont visibles au travers des vitres des autocars, et où le guide choisit à votre place les souvenirs à rapporter chez vous.
Nous abordons peut-être l’apogée indépassable de la civilisation des loisirs : les premiers hommes sur Mars seront des touristes et des légumes de la télé-réalité. Les défis lancés ces derniers temps sont-ils à comparer aux débuts de l’aviation portés par de riches visionnaires ? Ou bien ne s’agit-il que d’onéreuses attractions de foire ?
Elon Musk affirme lui aussi vouloir s’y rendre la même année (ça va se bousculer sur l’orbite de transfert). En conséquence, PETA, l’association de défense des animaux réclame son engagement à faire de Mars une planète végane (ie : habitée de personnes n’acceptant de se vêtir que de végétaux, et non pas affiliées à Véga de la Lyre, ni ennemies jurées du Prince d’Euphor).
Si tout le monde se presse sur Mars à cette allure avec son projet de civilisation perso, on peut y craindre une ambiance tendue dans les premiers temps. L’Histoire de Mars va débuter par une guerre civile. Après tout n’est-ce pas toujours le cas ?
On est ainsi amené à relativiser les embûches classiquement évoquées de la vie martienne, comme le froid et la nécessité de vivre enfermé dans des réduits sans lumières, privé de la mer, des arbres, et du gazouilli des oiseaux. En effet, je tiens à faire remarquer que cette description correspond tout à fait l’existence de quiconque réside à Paris avec un salaire plébéien.
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