On peut se demander quelles mouches piquent les producteurs de cinéma. Ces spécimens mêmes auxquels on souhaite souvent reprocher de sacrifier à l’esbroufe le reliquat de pertinence qui subsiste dans les coins de leurs productions, ces spécimens dis-je, auraient dédaigné de ravir le public par la parade tant attendue des serpents à plumes.

Jurassic Park 4, aka Jurassic World, sortira cet été, mais sans les plumes. Hollywood prétend nous mystifier avec des dinosaures des années 1990. N’est-ce pas futile ?

Il n’a pas échappé au cavernicole le plus obscur que les dinosaures, ces fiers lézards du mésozoïque, ont été soupçonnés dès 1996 d’une inclination pour les parures extravagantes. De nos jours on considère que les terribles reptiles étaient si fastueusement emplumés que les oiseaux eux-mêmes avec leurs airs zazous, en passeraient par comparaison pour de bien ternes vauriens.

Alors malgré le désir qui nous saisit, il n’est peut-être pas nécessaire de courir retoucher les films déjà sortis, mais pour ceux qui sont à venir, on s’attendrait à ce que les producteurs se bousculent pour les couvrir de plumes comme d’insolents comploteurs de saloon.
Bin non.


Sur la toile, les avis sont partagés et il est remarquable de constater la proportion des internautes qui se satisfait de la situation. A ceux qui considèrent que les dinosaures à plumes ne font pas peur car ils ressemblent à des poulets géants, je fais remarquer que c’est absurde, car Gastornis, le poulet géant découvert en 1855 à Meudon, était la terreur des marécages du paléocène.


Parmi ces tristes considérations ressort l’argument selon lequel des dinosaures à plumes ne seraient pas cohérents avec les films précédents car il ne s’agit pas de vrais dinosaures mais de chimères de bio ingénierie. Depuis quand au nom d’Elvis, est-il question dans l’univers Jurassic Park d’un souci de cohérence ? Le public veut des plumes, il le mérite, et pour marquer sa divergence artistique avec les producteurs, il se chargera de les leur fournir, avec le goudron.