Les voyages dans l’espace nourrissent les fantasmes du club de science-fiction depuis des millions d’années (littéralement). Cependant les méthodes mises en œuvre jusqu’à présent pour arracher des voyageurs aux profondeurs du puits de gravité consistent essentiellement à mettre le feu à des bombes géantes et à diriger les explosions vers le bas.
Il y a dans cette approche quelque chose de vulgaire. Dans l’imagination science fictionnaire, on préfère évoquer de puissants navires célestes se mouvant avec grâce au sein du ballet planétaire sans autre justification que la licence artistique. Et lorsqu’on souhaite quitter le système solaire, on invoque sans complexe la propulsion superluminique.
On ne peut en vouloir à la SF de vouloir voyager plus vite que la lumière si l’on considère que sans cet artifice, le moindre Space Opera se déroulerait sur des durées astronomiques, et les pantalons du pauvre Capitaine Kirk s'en trouveraient rapidement démodés.
Sur le plan purement scientifique cependant, on s'astreint à un peu de réserve, même s’il est tentant d’extrapoler certaines notions établies de notre connaissance de l’univers.
Par exemple, la notion de courbure de l'espace-temps suggère l'idée d'un raccourci entre deux régions éloignées de la trame de l’espace, au travers d’une déchirure fameusement désignée par le nom de Trou de Ver. Il n'est pas question ici de dépasser la vitesse de la lumière (Einstein l'a formellement interdit, bande de voyous), mais de s'aller trottiner gentiment dans les tunnels cosmiques.
Le concept est bien entendu limité par notre compréhension des lois de la physique. Le trou de ver est un objet hypothétique, probablement instable à des échelles de temps et d'espace macroscopiques, et nécessiterait des densités d'énergie qu'on ne trouve guère qu'au sein des trous noirs.
On en infère que la maîtrise opérationnelle d'un tel objet demanderait un travail considérable, sans même parler du financement qui plongerait le contribuable dans l’hystérie.
La SF nous a également familiarisés avec le concept de téléportation. L’idée a ceci de séduisant qu’elle fait l’impasse sur la notion de distance à parcourir. Sans distance, pas de déplacement, donc pas de limitation de vitesse, rien d’autre que ‘la satisfaction immédiate du désir d’être ailleurs’. Un slogan pour une future compagnie de téléportation, parlez-en à vos amis.
L’idée n’est pas dépourvue de base scientifique, mais elle s’en trouve fort éloignée. Ainsi existe le célèbre phénomène appelé Téléportation Quantique, qui désigne le transfert instantané d’états quantiques de particules intriquées. C’est une affaire bien délicate à expliquer, et qui ne permet pas de se balader dans les étoiles.
Accessoirement, si une telle technologie était concevable, la question philosophique de la conservation de l’identité de la conscience fournirait le combustible à d’ardents débats, que des nuits entières à ergotiller au fond des pubs échoueraient probablement à décider.
Certains récits font mention de voyages dans l’hyperespace. Cette notion invoque le concept riche en possibilités que notre univers perceptible serait immergé dans un espace de dimension supérieure à 4, et au sein duquel certaines limitations comme la vitesse de la lumière seraient différentes, autorisant toutes sortes de manigances interstellaires.
De fait, les différentes théories des cordes font intervenir des nombres variés de dimensions supplémentaires et nous laissent rêver à un méta-univers aux propriétés exotiques. Malheureusement, aucune expérience n’est pour l’instant envisagée qui permettrait d’affermir ces spéculations.
En 1994, le mathématicien mexicain Miguel Alcubierre a développé la métrique qui porte son nom, et qui implique une déformation de l’espace-temps se dilatant dans une direction et se contractant dans l’autre. Un tel phénomène autoriserait un hypothétique navire à voyager sans se déplacer, en contractant l’espace devant lui. Elégant, puissant, mais hypothétique. De plus, les énergies envisagées pour le fonctionnement du dispositif épuisent l’imagination des théoriciens les plus hirsutes.
Ceci dit ce serait trop cool.
Au contraire de ces astucieuses propositions théoriques dont la faiblesse est l’absence de faits observables, l’EM Drive ou Propulseur à Cavité Résonnante Electromagnétique suscite la nervosité des gens de science pour la raison exactement inverse.
En 2001, l’ingénieur aéronautique Roger Shawyer proposa avec décontraction un système de propulsion électrique capable de produire une poussée sans consommer de carburant.
Impliquant un tabarnac de micro-ondes dans une cavité résonnante, l’appareil est dépourvu de pièces mobiles et n’éjecte ni matière ni rayonnement. Evidemment, la violation du principe newtonien de conservation de la quantité de mouvement rend tout le monde fébrile, mais n’empêche pas les institutions les plus prestigieuses de continuer de le mettre à l’épreuve dans des conditions d’exigence croissante.
A la clé pendouille l’espoir sauvage d’un Système Solaire parcouru de taxis inépuisables au fonctionnement controversé.
Le vieil Arthur Clarke déclarait que toute technologie suffisamment avancée serait indiscernable de la magie. Mais si le magicien lui-même ignore comment ça marche, on quitte le territoire de la magie pour pénétrer avec enchantement dans le Culte du Cargo.
Elon
17 Décembre 2015 à 15:05 Elon Musk veut s’installer sur Mars avant qu’il soit trop tard.
C’est ainsi que le magazine GQ (qui parle aux hommes sur un autre ton), synthétise l’entre...
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Apocryphe
14 Décembre 2015 à 17:26 Il paraît que la plupart des citations d'Einstein sont apocryphes.
Et c’est heureux, car lorsqu’on considère la quantité de pages web recensant en masse les meilleures d’entre elles, on est vite dérouté par leur allure irrévocable et leur manque d’à propos....
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The Walking Dead
2 Décembre 2015 à 14:13 On peut difficilement reprocher à The Walking Dead de passer à côté de son sujet. A l'exception notable de la saison 2 où certains épisodes enferment le spectateur dans une intrigue domestique à périr d'ennui, on y est assuré de voir des zombies. Et ce sont de beaux zomb...
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22 Septembre 2015 à 10:47 Il est décidément admis qu’on ne me tient au courant de rien car j’apprends cette semaine avec saisissement qu’une équipe d’aventuriers de la technologie connue sous le nom de Hanson Robotics, s’est mise en tête de ressusciter Philip K Dick sous la forme d’un and...
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