Il existe, dans le domaine de la chronologie, une notion qui rappelle le paradoxe de Fermi. Et qui s’exprimerait sous la forme : Mais où diable sont les voyageurs temporels ?
Evidemment, cette notion est un peu différente, car si l’existence de vie extraterrestre reste encore indécidable, elle semble néanmoins fort raisonnable au regard de nos connaissances présentes sur l’Espace. Il n’en va pas de même de nos connaissances présentes sur le Temps. Ce coquin de Temps résiste avec une telle indifférence à nos tentatives d’investigation qu’on en finirait par convenir qu’il n’existe pas. Après tout, ce pourrait tout aussi bien n’être qu’un artefact ad hoc, l’élucubration maladroite du pauvre Homo Sapiens, captif des mandibules glacées de l’Entropie.
Mais l’idée du voyage temporel est si fascinante, qu’aucun intellect un chouillat romantique ne peut s’empêcher de rêvasser aux explorations fantastiques qu’offrirait son existence, ainsi qu’à la coquette collection de paradoxes qui en surgiraient.
Soucieux d’inventorier les faits pouvant éprouver la consistance de ses théories, le philosophe est compulsivement conduit à réaliser des expériences dans le but de comprendre de quoi il parle. C’est ainsi que l’histoire récente vit la mise en œuvre d’une série de tests dont les voyageurs temporels étaient l’objet et qui diffèrent par la qualité de leur approche, mais consistent en général à organiser une soirée de bienvenue.
L’approche pétulante.
Dans le Baltimore de 1982, un groupe d’impétueux philosophes remarqua qu’une manière simple d’attirer les voyageurs temporels était d’organiser une grande soirée en leur honneur. Au cours d’un événement que le New York Times décrivit comme « an epidemic of temporary lunacy », la troupe de chercheurs qui se fit appeler The Kronaunauts se rassembla pour accueillir des visiteurs du futur. « Les Krononautes s’enivrèrent, dansèrent, et passé minuit certains d’entre eux se séparèrent de leurs vêtements. Aucun voyageur temporel ne fit apparition, mais il semble que tout le monde ait passé une excellente soirée. »
On ne sait précisément si l’abandon vestimentaire avait pour but d’encourager les visiteurs du futur à s’afficher au concours de mojitos, mais il est connu de tout humaniste un tant soit peu guilleret, qu’une soirée au cours de laquelle on ne perd pas ses vêtement n’est pas vraiment une soirée, tout au plus une partie de bridge, paroxysme du laisser-aller victorien.
L’approche médiatique.
Le 7 mai 2005, Amal Dorai, un étudiant du MIT organisa à son tour une soirée en l’honneur de visiteurs du futur sur le campus de la prestigieuse université, en misant sur la notoriété de l’événement. Tout fut mis en œuvre à travers internet et la presse nationale pour qu’un voyageur temporel à des siècles de chez nous ne puisse manquer d’en connaître l’existence. La réputation du MIT ainsi que la présence de chercheurs célèbres venus parler de voyage dans le temps garantissait que parmi tous les dilettantes des âges à venir, il s’en trouverait bien un qui passeraient au MIT pour un verre de gingembre bois bandé.
Malgré tout, seuls des dilettantes du présent se manifestèrent à l’événement, ce qui fit dire à Dorai que l’opération était « un demi succès ».
Les voyageurs temporels ont-ils boudé la soirée car ils savaient qu’elle serait ratée ? (il semble que personne ne se soit déshabillé.) ? Le mystère demeure. Dorai fit néanmoins remarquer que des gens du futur auraient très bien pu être présents déguisés en gens du passé, ce qui est savoureux.
L’approche perspicace.
Le 28 juillet 2009, Stephen Hawking (le pince sans rire) mis sur pied sa propre soirée en l’honneur des visiteurs du futur qui souhaiteraient y participer. La subtilité du professeur Hawking qui n’en est pas à sa première, fut de ne lancer l’invitation à cette soirée qu’au cours de l’année 2012. L’approche présentait ainsi l’intérêt d’en interdire de facto (c’est du latin) l’accès à toute personne ne venant pas du futur, habillée ou non. La soirée avait de l’allure, incluant champagne et canapés au cœur de l’université de Cambridge, avec Stephen Hawking pour chauffer l‘ambiance. Puisque personne ne s’y est montré, et que le professeur s’est retrouvé tout seul dans son fauteuil au milieu de ses canapés, il est difficile d’en conclure que les voyageurs temporels n’existent pas, ou s’ils n’aiment bêtement pas Stephen Hawking. Personne ne sait si le professeur a gardé ses vêtements.
L’approche Internet.
Salut à toi Internet, Antre du Big Data et Royaume des théories du Complot ! Où donc au 21e siècle, chercher à débusquer une micro société de personnages puissants et souterrains ? Mais sur le Net, où il n’est pas d’idée si folle et si infondée qu’elle ne fasse déjà l’objet de forums de discussions passionnés en plusieurs langues, et d’un article wikipédia.
Entre 2006 et 2013, deux chercheurs de l’Université Techno du Michigan dirigèrent un programme destiné à repérer les traces laissées sur internet par des voyageurs temporels. L’idée laisse sceptique. Puisque les voyageurs snobent les soirées du MIT et de Stephen Hawking, s’ils ne se dénudent pas en 1982, c’est donc qu’ils cherchent à rester discrets. On se demande donc pourquoi ils iraient se faire remarquer sur Twitter ou poster des selfies anachroniques sur Instagram. Et en effet, cette recherche ne permis pas de conclure à un cas avéré de transgression chronologique.
Une approche n’a me semble-t-il pas encore été mise en œuvre, et il s’agit du profilage.
Quel genre de personne est un voyageur temporel ? Mis à part les observateurs dont la mission consiste précisément à ne laisser aucune trace, un voyageur du futur a toujours pour ambition d’altérer le cours de l’Histoire. Nous recherchons donc un genre de personnage influent, doté d’une surprenante intuition de l’avenir et qui s’investit dans des projets futuristes. Un individu qui tente de préparer les gens du présent aux événements à venir, par exemple de les mettre en garde contre les dangers de l’IA, ou d’encourager l’exploration spatiale dans l’éventualité d’un désastre planétaire imminent.
Il irait même jusqu’à suggérer une vision d’un gouvernement martien alors même qu’une telle chose semble risible à nos contemporains. Emissaire des technologies futuristes, cette personne énigmatique chercherait par exemple à faire progresser les moyens de transport et les énergies renouvelables à un rythme hors de portée des entreprises traditionnelles.
Nous pouvons parier qu’une personne au moins s’est rendue à la soirée de Stephen Hawking (qui se gardera d’en parler), et qu’à l’heure qu’il est, il est occupé à essayer une combinaison spatiale dessinée par Jose Fernandez.
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