Plus on fréquente de grandes personnes et plus il tentant de décider que la plupart d’entre elles ont un profil de tueur en série. C’est à se demander comment l’espèce n’a pas tout simplement disparu dans un spasme compulsif.

Le dédale de l’institution où je viens quotidiennement user ma jeunesse est particulièrement fourni en spécimens de toute beauté. L’un d’entre eux m’a frappé par le parti pris pitoresque de sa psychose personnelle.

J’avais déjà croisé cet individu longiligne et au comportement autistique alors que, courbant son grand corps maigre au-dessus d’un lavabo, il s’appliquait à y laver des glands. Impressionné par ce mystère, je tentai quelques coups d’oeils furtifs auxquels il opposa une pantomime ahurissante que j’interprétai comme le témoignage d’un intense désarroi. Il est sans doute préférable de ne pas troubler les pantomimes des psychopathes en proie à un intense désarroi, aussi je m’empressai de me carapater vers des lieux plus favorables. Restait l’énigme, et le sujet alimente toujours les conversations sur plus d’un étage.

On m’a par la suite rapporté deux récits similaires, mettant en cause ces fois-là, des noisettes et des dattes.

Un de mes congénères m’assure avoir vu, pas cru voir, le phénomène stratosphérique se propulser sur la moquette du couloir avec des mimiques de conspirateur, avant de s’insinuer dans son bureau, traînant derrière lui un sac de 40 kilos de pommes de terre.