L’âge de l’Internet offre aux gais habitants de notre turbulente planète le plaisir de se voir quotidiennement confrontés à une cacophonie d’informations propres à déchaîner la suspicion des plus candides.

Une controverse fait long feu sur le réseau au sujet des incidents à répétition qui handicapent la mise en route de l’accélérateur LHC enfoui dans les environs de Genève. Rappelons que cet instrument est construit dans l’espoir de mettre en évidence le Higgs, un boson supposé responsable de la masse des particules.
Le docteur Holger Bech Nielsen, du Niels Bohr Institute de Copenhague, a émis l’amusante hypothèse que certains événements improbables liés à cette prochaine découverte seraient en réalités des manifestations du futur venant s’y opposer, sans doute pour préserver notre monde de l’anéantissement.
Pour appuyer ses dires, il met en avant l’accumulation des ratés dans le démarrage du dispositif, ainsi que l’arrêt définitif du SSC américain en 1993 qui poursuivait le même objectif.
En d’autres termes selon le Dr Nielsen, la Nature aurait tellement horreur du boson de Higgs que sa découverte future précipiterait à rebours l’influence qu’il faut pour l’empêcher aujourd’hui, ainsi que dans le fameux paradoxe du grand-père (Barjavel, 1944).
L’affaire monte dans les aigus lorsque le docteur propose de vérifier son hypothèse en suggérant au CERN de construire une machine à tirer les cartes qui contiendrait un trèfle sur 100 millions de cœurs et de regarder si le trèfle est tiré du premier coup. Un tel résultat improbable abonderait en faveur de l’arrêt du projet.

Incidemment, il apparaît qu’un chercheur de l’Université de Washington, John Cramer, tente de réaliser un expérience sur les inversions de causalité à l’aide d’un équipement beaucoup plus sobre. Manquant des fonds nécessaires, il ne pouvait la mettre en œuvre jusqu’à ce qu’un journal de Seattle en produise un article dont la publicité résulta en un afflux de dollars en provenance de fonds privés.
Reconnaissant, Cramer s’étonne de la façon dont les choses se sont passées, remarquant que d’ordinaire, un scientifique travaille dans l’ombre à ses expériences, publie ses résultats, et alors seulement est-il l’objet de publicité.
« Il semblerait que les choses se passent à rebours en cette affaire » dit-il.
Au sens de Nielsen, l’expérience de Cramer recevrait un fort encouragement du futur. Ou en d’autre termes, la Nature éprouve tellement d’attirance pour l’expérience de Cramer qu’elle s’arrange pour que son expérience triomphe avant même d’avoir été réalisée.

Serions-nous parvenus à encercler si étroitement le cœur de la Réalité que les questions qui à présent sont posées seraient vouées à déboucher sur les réponses ultimes ou sur la destruction de l’Univers ?
Le boson de Higgs, ainsi qu’il est fréquemment nommé, est-il la particule de Dieu ?

En parcourant la blogosphère il semble évident que les paradoxes emplissent notre quotidien.
Ainsi a-t-on découvert hier qu’un objet peut être vu le même jour à Berlin et dans d’autres lieux, tout en y croisant des témoins à des dates différentes. On a vu qu’il est possible de se présenter à l’est du mur et y être observé à l’ouest pourtant.
Improbables et contre-nature, de quel terrifiant futur ces signes sonnent-ils la révélation ?