Fashionable

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Selon Wikipedia, face à une situation conflictuelle, l’être humain se conforme par défaut à l’attitude de la majorité. L’effet de mode serait utilisé par les foules pour se sortir d’une situation critique à moindre risque, et on y décèlerait l’origine de la passivité des passagers d’un bus confrontés à l’agression d’un des leurs, ainsi que leur sensibilité à la publicité. L’argument étant qu’une posture adoptée par le plus grand nombre est par construction socialement acceptable.

Ce phénomène rappelle de façon convaincante la béate indifférence du troupeau de gazelles contemplant l’agonie d’un de ses membres sous les crocs de la lionne ainsi que l’enthousiasme déconcertant de certaines sociétés pour les sacrifices humains.

Les phénomènes de mode sont sans doute trop nombreux pour être énumérés mais ils semblent exister sous deux formes antagoniques. Le premier groupe rassemble les individus naturellement enchantés par la perspective de la conformité et qui se sentiraient esseulés de pratiquer un culte dépassé ou qui ne se pratique pas encore. Le deuxième groupe rassemble les zazous, pour qui l’orthodoxie est une indignité, et qui entreprennent de se distinguer en adoptant les coutumes d’un groupe significativement plus réduit, mais pas trop quand même, sous peine de s’égarer dans la Marge, fangeuse lisière de la société où brasille le crépuscule des audacieux.

On pourrait décrire le snob comme un contorsionniste, parvenu à résoudre le paradoxe du conformisme et de l’exclusivité.

Alors que fait-on lorsque l’on se pique de tendance et que la plèbe est aux portes, foule pressante et triviale, avide de vous souiller de sa médiocrité ?

Et bien on se rend à un vernissage au Palais de Tokyo. On court s’entortiller dans l’avant-garde du siècle dernier à l’exposition Takis et ses champs magnétiques. On trébuche devant les pierres en équilibre de Bridget Polk. On frémit devant l’agitation des monumentales créatures de bambou de Theo Jansen qui confie aux visiteurs son rêve de quitter la planète, satisfait d’avoir permis l’émergence d’une nouvelle forme de vie basée sur des bambous auto-répliquants.

Mais c’est au détour d’un petit labyrinthe peuplé d’excentricités que le véritable objet du palais saute aux yeux, car perdus dans la contemplation des géminoïdes de Iroshi Ishiguro, une sorte de John Steed du 19ème siècle affublé d’une barbe de prophète manifeste sa présence, et il ne s’agit pas d’une œuvre exposée. Plus loin, des silhouettes longilignes, affectant des postures d’Outre-Terre se tirebouchonnent dans de longs rideaux de laine. Au-delà encore, un personnage gaillard déambule vêtu d’un boléro à plumes noires, tandis qu’un duo de Chinois chapeautés de melons, perturbe la file d’attente en gloussant comme des petites filles.

A l’évidence, le Palais est bien plus qu’un espace d’art contemporain. C’est aussi le lieu où pour la joie de tout un chacun, Paris la ville musée, nous expose ses habitants les plus modernes.

Les Géminoïdes expriment
leur enthousiasme pour l’événement

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