
Elon Musk veut s’installer sur Mars avant qu’il soit trop tard.
C’est ainsi que le magazine GQ (qui parle aux hommes sur un autre ton), synthétise l’entrevue qu’elle a menée avec le Bâtisseur du Futur pour en tirer le portrait. Si tout le monde connaît la passion d’Elon Musk pour la colonisation de la planète Mars, l’urgence de cette compulsion n’était pas encore apparue avec tant de précision.
Musk remarque que les circonstances abondent, dans l’histoire humaine, où des civilisations se sont trouvées du jour au lendemain dans l’incapacité de soutenir l’ombre même du train vie qu’elles menaient la veille, avant que le coquin de sort ne vienne les faire vaciller dans la fange et la boue. Il s’ensuivrait qu’un désastre prochain n’est pas inconcevable, et qu’il serait fort ballot de manquer l’opportunité d’aller sur Mars tant que la chose est possible, afin d’y édifier un embryon de société dont l’importance deviendrait significative alors que la planète mère aura une fois de plus sombré dans le chaos.
L’argument est certainement recevable, et permet d’enrichir la rhétorique des promoteurs de la colonisation martienne d’un nouvel élément. La conquête de Mars n’est pas qu’une sidérale source d’inspiration pour une humanité en proie à la misère et la superstition, c’est aussi une sauvegarde, un back up, voire une Terre 2.0 qui permettrait d’assurer la pérennité de la civilisation, de l’humanité, de la vie. Cool, non?

Or donc, le fringant Elon se lance dans la fabrication de fusées comme un forcené et chamboule le secteur avec ses innovations technologiques. Mais au contraire de ses concurrents pour qui l’entreprise se limite platement à la réalisation de profits, les contrats astronomiques de SpaceX avec la Nasa ne constituent qu’un marchepied, un détail préliminaire à la mise en place du vrai projet : le Mars Colonial Transporter dont il prévoit de dévoiler le plan dans les mois qui viennent. De manière croustillante, la fusée sur laquelle ils sont en train de travailler est désignée par l’acronyme BFR, qui signifie Big Fucking Rocket.
On ne connaît à ce stade les détails du MCT qu’au travers de ses 2 éléments principaux qui sont le BFR et le BFS : « Il s’agit d’un lanceur et d’un vaisseau. Le lanceur se contente de l’arracher à la gravité terrestre, car la Terre est dotée d’un profond puit de gravité et d’une atmosphère épaisse, tandis que le vaisseau peut aller de Mars à la Terre sans lanceur car la gravité de Mars est plus faible et son atmosphère plus ténue. (…) Donc techniquement, nous avons le BFR et le BFS. Comme dans Big Fucking Spaceship. »

L’expression aurait été forgée par le visionnaire en référence au gros fusil dans le Doom original (1993).
L’ingénieur remarque que son plan de colonisation risque de paraître un peu fou. Puis en riant : « C’est vraiment énorme. » Encore un rire. « A ma connaissance, on n’a jamais décrit une telle architecture jusqu’à présent. »
Accessoirement, il développe aussi des combinaisons spatiales top secrètes, dont les spécifications exigent qu’elles soient opérationnelles, « et qu’elles aient l’air cool, comme dans les films. » !!!
Tout naturellement, El Supremo éprouve un intérêt chaleureux pour la terraformation de la planète rouge, et son approche s’embarrasse peu de discrétion. Il a ainsi récemment suggéré la détonation de bombes à fusion nucléaire afin de réchauffer l’atmosphère, faire fondre les pôles et rendre l’environnement propice à l’épanouissement des végétaux qui seront nos amis. A la question de savoir s’il est moral d’aller mettre un tel bazar sur Mars, l’entrepreneur répond qu’elle est hors sujet : « Il n’y a certainement aucun problème moral s’il n’y a pas de vie. En fait, ce serait plutôt immoral de ne pas le faire, si cela signifie la préservation de la vie sur Terre telle que nous la connaissons ».
Mais de quelle manière de telles opérations seraient-elles mises en œuvre ?
« Ce sera aux Martiens d’en décider. »
Le lecteur remarquera que l’Histoire a jusqu’ici laissé peu de latitude au peuple martien pour décider de son destin. On ne peut que souhaiter voir cette injustice promptement réparée.7
De façon générale, Elon Musk semble considérer les choses avec l’enthousiasme et la désinvolture d’un adolescent bouillonnant. Ce qui est plutôt bienvenu dans un monde souvent dirigé par une bande de vieux prouts qui raisonnent comme au siècle dernier. Peut-on se demander néanmoins s’il en rajoute pour épicer son personnage de super vilain en herbe ou si au contraire il se retient continuellement de déverrouiller avec fracas les vannes de sa folie ?
Stay tuned for scenes from our next episode…



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