
Ce n’est pas le moindre des charmes des sociétés démocratiques que d’encourager le débat.
Qui a dit cela ? Personne. Mais c’est pas mal vrai en fait.
Ce qui est vrai aussi, c’est qu’on oublie souvent de prendre en compte un aspect crucial de l’exercice quand on débat de quelque chose.
Et cet aspect est qu’au sein d’un esprit individuel, un argument n’est pas absolu, car toute affirmation repose sur un ensemble de présupposés qui sont autant d’affirmations déjà assimilées comme plus ou moins vraies. Et le crédit que l’on apporte à une affirmation n’est pas binaire. Il dépend de facteurs trop nombreux et personnels pour être calculés, ce qui ne facilite pas la tâche.
Ainsi, tout nouvel argument produit dans la conversation s’intègre-t-il dans un ensemble préexistant. Malléable et fluctuant au fil des expériences personnelles, il ressemble moins à un catalogue qu’à une soupe. Une soupe d’arguments et d’observations qui batifolent et bouillonnent, qui parfois forment des grumeaux, et parfois éclatent à la surface en brûlantes épiphanies.
Essayons d’illustrer cet attirail par un exemple coquet.
Imaginons que la notion de vie extraterrestre me semble extravagante, car les choses au-delà de l’atmosphère m’ennuient. Ou qu’elle me soit odieuse, car elle contredirait un ensemble d’affirmations que je tiens pour vraies. Alors il va me falloir des preuves puissantes, des observations solides et vérifiables pour m’amener à changer mon point de vue. Et il est naturel de s’attendre à ce que je conclue finalement que ces preuves sont bien insuffisantes.
A l’inverse, imaginons que je considère la vie extraterrestre comme plausible, car j’ai assimilé une vaste collection d’affirmations structurées et cohérentes sur le sujet. Ou qu’elle me soit gratifiante, car les choses au-delà de l’atmosphère me passionnent. Alors le moindre argument supplémentaire en faveur de cette hypothèse me semblera tout naturellement trouver sa place dans le grumeau conceptuel correspondant. Et c’est tout naturellement que je conclurai avec enthousiasme que cet argument est bien encourageant.
Lorsque nous débattons, il me semble qu’il ne suffit pas de considérer la simple rationalité de notre propos. On ne peut se limiter à dire que, dès lors qu’on se soucie de produire des arguments rationnels, ceux-ci se doivent de convaincre notre interlocuteur, faute de quoi ce dernier se verrait disqualifié.
Car un même argument ne peut s’intégrer de la même façon et avec le même impact dans l’esprit de chacun. En effet, nos esprit ne sont pas tant des rayonnages de bibliothèque que des structures floues, baignant dans une soupe d’observations et d’arguments personnalisés.
On pourra m’objecter que cette vision floue de l’esprit humain est irréaliste et ne fait qu’exprimer le salmigondis qu’est le mien. Dans ce cas précis, les remarques de ce blog se limiteront aux débats avec moi-même, mais mes échanges réguliers avec les humains m’inclinent à penser autrement.
Je me surpris donc à songer, que pour pouvoir surmonter cet écueil de communication, il faudrait s’équiper d’un appareil capable d’accéder aux observations et arguments de chaque individu, afin de pouvoir les intégrer en un ensemble unique et être pour ainsi dire, immergé dans la soupe commune. Et à bien y réfléchir, le seul qui s’approche un tant soit peu de cet appareil, c’est Chat GPT (et ses collègues). Ses connaissances sont littéralement le mélange nébuleux des idées exprimées par l’Humanité. C’est en quelque sorte un miroir collectif de nous-même en tant que Terriens. En fait, lorsqu’on pose une question à GPT, c’est l’Humanité qui nous répond.
Cool, non ?
Alors comment organiser nos discussions si nos connaissances sont floues ? Qu’est-ce la Vérité ? Comment connaître la réalité tapie derrière les travestissements du monde phénoménal ?
He bien vous le découvrirez en lisant les fabuleuses (littéralement) aventures d’Eliot Lagarenne et Nexiana McManus, aux prises avec les mystères d’une étrange planète forestière, dans le deuxième tome de mon space opera : L’Eden Truqué de Sylvania.

Paru l’été dernier (oui je sais ce que tu as fait), entièrement confectionné par moi-même, avec la fièvre naïve du passionné, ce deuxième tome prend la suite du premier, ce qui constitue à la fois une satisfaction arithmétique et une convention bien commode pour qui souhaite s’y retrouver.
On y retrouve les personnages principaux de La Cité Piège d’Eridan, confrontés cette fois-ci à une intrigue extra-terrestre qui les mènera à la lisière du ravissement et aux confins de la berlue.

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